Questionnaire de Proust : Fréderic, collectionneur et éditeur de Chronographes.net

Titus Calypsomatic chronographs-net

Fréderic est la toute première personne à qui j’ai pensée, lorsqu’il y a deux ans, je réfléchissais au concept de ces interviews.

Vous l’avez forcement croisé si vous vous intéressez un tant soit peu aux montres vintage. Apprécié et respecté par la confrérie, Frédéric possède une collection à faire pâlir de jalousie n’importe lequel d’entre nous. Membre fondateur du très select CIAS (Calypsomatic International Appreciation Society), il est surtout une des plus belles plumes de la blogosphère horlogère francophone. Sur son site dédié aux montres vintage, il nous parle, entre technique et émotion, « de leur vie trépidante au poignet d’un baroudeur … de leur luxueuse existence dans un écrin de velours ou de leur interminable ennui au fond d’un tiroir ». Tout un programme.

« Pour voir la montre il faut d’abord regarder la personne qui se cache derrière. »

Cette semaine : Il s’appelle Fréderic, il est l’homme derrière le blog Chronographes.net et voici son interview horloger :

 

Bonjour Fred, peux-tu te présenter en quelques mots… ?

Bonjour Simon et merci de m’accueillir sur ton excellent blog. Je suis Parisien, quarantenaire, dircom, collectionneur et blogueur horloger à mes heures. Je suis surtout un mari heureux et un papa comblé…

Te rappelles-tu de ta toute première montre ?

Ah oui ! C’était une montre Disney avec les bras de Mickey qui désignaient les heures et les minutes… Je l’adorais mais elle est malheureusement partie dans un cambriolage il y a bien longtemps. J’ai essayé d’en retrouver une identique pour l’offrir à mon fils mais sans succès pour le moment.

Quel a été ensuite ton premier « vrai » garde-temps ?

Je passe sur ces Swatch que tous ceux de ma génération ont eues au poignet. J’ai surtout eu la chance de commencer fort avec un chronographe Leonidas à triple date que m’avait légué mon grand-père. J’ai tout de suite adoré le côté « mécanique » : le bruit du mouvement, l’action des poussoirs pour mettre en route et arrêter le chrono. Je l’ai beaucoup portée, parfois en totale inconscience des dangers que je lui faisais courir, mais elle a heureusement traversé les années sans dommage et je m’en régale toujours aujourd’hui.

LEONIDAS, chronographe Datora, Valjoux 72C, vers 1955.

LEONIDAS, chronographe Datora, Valjoux 72C, vers 1955.

Comment, depuis, les montres ont pris une part de plus en plus importante de ta vie ?

Il y a eu deux paliers. Le premier vers vingt-cinq ans : le chrono Leonidas avait un vilain bracelet noir en cuir devenu tout moche. Le jour où je l’ai changé, j’ai vu cette montre autrement et plus seulement comme un joujou mécanique. J’ai alors commencé à m’intéresser aux chronographes, notamment ceux des années 1950, mais cet intérêt n’a été ponctué, pendant une quinzaine d’années, que de rares et modestes acquisitions. Le second palier est venu à quarante ans : quand la famille m’a demandé ce que je voulais comme cadeau, je n’ai pas hésité… C’était il y a deux ans et demi et je n’ai plus décroché depuis.

Combien de montres possèdes-tu ?

Pas assez selon moi mais beaucoup plus que la plupart des gens et beaucoup trop aux yeux de ma femme !

Parle-nous de ta montre fétiche du moment. D’où vient-elle, a-t-elle une histoire ou des souvenirs particuliers à nous raconter ?

 

TITUS Calypsomatic.

Je citerais volontiers la Titus Calypsomatic. Je me suis focalisé un jour sur ce modèle et il m’a rendu fou : j’en possède huit versions différentes… J’y ai vu la quintessence de la montre de plongée « démocratique » des années 1960 et clairement l’une des plus réussies en termes de design. Elle m’a en outre permis de rencontrer d’autres passionnés de ce modèle avec lesquels nous avons fondé, pour rire, un petit club informel, la Calypsomatic International Appreciation Society

Une pièce particulière que tu souhaites nous présenter ?

J’ai opté pour la Juvenia Arithmo. C’est une montre extraordinaire et totalement méconnue. Contemporaine des premières Breitling Chronomat, dans les années 1940, elle reprend la fonction de règle à calcul inaugurée sous cette forme par Mido. Elle est dotée d’une lunette graduée et protégée par un verre en forme de pneu qui la rend unique. Mouvement maison, finition superbe. Ce modèle me fascine.
2016-04-16 à 08-59-08

Connais-tu déjà ta prochaine acquisition ?

Impossible à dire, ce sera au hasard du coup de cœur.

Comment choisis-tu tes montres en général ?

Je ne maîtrise pas grand-chose à vrai dire… Si c’est un modèle qui me provoque des palpitations, s’il s’agit d’un exemplaire en très bon état (je suis de plus en plus regardant sur ce point) et si je sens bien le vendeur, je peux passer à l’acte sur une impulsion. Procédé qui ne vaccine pas contre les erreurs parfois… mais c’est le jeu et c’est heureusement rare.

Comment vois-tu évoluer ta collection dans dix ans ?

Je n’ai pas d’objectif plus précis que de continuer à me faire plaisir dans la mesure de mes possibilités.

Le temps qui passe te fait-il peur ?

Oui et non : je n’ai pas de problème avec le temps qui passe parce que je ne suis pas effrayé par l’Après. En revanche, je suis un phobique du temps perdu.

As-tu des troubles de comportement ou des tics liés à ta passion horlogère ?

Oui… J’adore prendre mes montres en photo car c’est un exercice qui permet de capter d’autres facettes de la beauté d’un modèle. En cherchant sous quelle lumière et sous quel angle un détail va vous toucher, vous pouvez redécouvrir une montre pour laquelle la passion s’estompait. Et puis je ne t’apprendrai pas que l’image est un bon support de partage et de communication…
Autre chose : je ne choisis pas le matin la montre qui ira avec ma tenue mais la tenue qui ira avec la montre que j’ai envie de porter. Plus inquiétant encore, je me fais un devoir de les porter toutes régulièrement pour ne pas en laisser se morfondre tristement dans un tiroir ou un coffre. Quels que soient leur intérêt, leur valeur ou leur rareté, elles reçoivent toutes la même considération, ne serait-ce que par respect pour les gens qui les ont portées, aimées et conservées avant moi.

Quel autre(s) objet(s) te procure(nt) les mêmes sensations que les montres ?

Tout objet dans lequel on sent du génie, de l’amour et de la vie : le génie dans la conception fonctionnelle et technique, l’amour dans la recherche esthétique et le choix de matériaux robustes et durables, la vie dans les traces laissées par le temps et l’usage.

Quelle est la montre dont tu as du te séparer que tu regrettes le plus ?

Un chronographe Enicar, réf. 2303. Avec son Valjoux 72, c’est l’ancêtre direct des Sherpa Graph… Il est parti il y  a un an pour l’Afrique du Sud, faisant un heureux et un inconsolable !

Enicar 2303

Si tu pouvais remonter le temps, quelle montre ramènerais-tu du passé ?

La question est difficile ! Disons une montre qui aura été le fidèle partenaire d’un personnage illustre : la Submariner du commandant Cousteau ou le Speedmaster porté par Neil Armstrong quand il a posé le pied sur la Lune… ah, et puis ma montre Disney aussi.

 

Merci Fred !

 

Vous pouvez suivre « Fred Chrono » sur son Instagram (aux 5000 followers !)

A lire sur l’incontournable blog Chronographes.net :

L’histoire de la Juvenia Arithmo et la saga des Titus Calypsomatic

 

2 Comments

  • Répondre août 22, 2016

    Ēpoq

    Encore une fois super article.
    Je comprends d’ailleurs la frustration liée à la Enicar 2303 …
    J’ai dû me séparer de la mienne il y a quelques jours, partie pour les Pays-Bas. Un grand regret 🙁

  • Répondre août 23, 2016

    jrm75012

    Ayant eu la chance de croiser Frédéric, il y a peu, toutes ses réponses ne font que confirmer l’évidence : il s’agit bien là d’un passionné, d’un véritable amoureux de ces belles mécaniques qui nous permettent souvent de pouvoir voyager à travers le temps.
    Merci pour cette lecture donc, une fois de plus, ainsi qu’à vous deux qui partagez si souvent avec nous, pour notre plus grand bonheur.

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