Ne nous voilons pas la face, notre ego va encore en prendre un coup : pourquoi accumuler autant de montres alors qu’il est si facile de connaitre l’heure avec son téléphone, ordinateur, horodateurs et autres fours micro-ondes… Andy Warhol fut le premier à pointer du doigt ce paradoxe fondateur de notre passion horlogère.
Alors que Rolex revisitait l’année dernière sa légende en canonisant le prince du pop art parmi les icônes de son passé. Finalement et contre toute attente, c’est avec sa Tank Cartier Solo qu’ Andy Warhol avait spontanément déclaré son penchant pour les montres.
N’ étant pas à un paradoxe prêt, Andy Warhol utilisait son art pour critiquer la consommation de masse tout en étant, lui même, un collectionneur compulsif de bijoux, d’oeuvres d’arts et de montres (Rolex, Patek Philippe…)
A son habitude, la déclaration de Warhol fut un tantinet provocatrice mais tellement juste au final :
I don’t wear a Tank watch to tell the time. Actually I never even wind it. I wear a Tank because it is the watch to wear!
Andy Warhol, 1973
– Je ne porte pas une Tank pour avoir l’heure. en fait, je ne la remonte jamais. Je porte une Tank parce que c’est la montre qu’il faut porter ! –
Futile donc indispensable :
Le chef de file du Pop Art utilise les mêmes rouages que la société de consommation dans son travail artistique. En démultipliant les oeuvres par la technique de la sérigraphie, sa démarche heurtait les idées classiques attribuant à une oeuvre sa valeur liée à son unicité. La boite de soupe est hissée au rang d’une icône artistique symbolisant la consommation. A l’inverse, les stars sont profanées car traitées comme n’importe quelle autre image (Liz Taylor, Elvis…). Il met ainsi en avant le fait que la répétition d’une même image, lui fait perdre une partie de son impact émotionnel.
En refusant de la remonter, Andy Warhol désacralise la montre et enlève au garde temps sa fonction première pour ne garder seule que la fonction de marqueur social.
De cette manière, nos montres que nous considérons comme des objets à la fois intimes et uniques ne seraient en fait qu’un pure un produit de consommation comme le sont les images de Marilyn Monroe ou de la bouteille de Coca Cola, un produit médiatique et industriel à l’image de la société de consommation et du paraitre dans laquelle nous essayons de nous démarquer.
A méditer…
Pour aller plus loin : Le style Tank Cartier