Un récent article du Telegraph nous révèle l’étrange histoire d’une montre qui vient de réapparaître après être restée plus de 60 ans au fond d’un tiroir.
Cette Tudor Oyster Prince 7809 est celle du Major Desmond « Roy » Homard, ( 93 ans) qui a participé à l’expédition anglaise au nord du Groenland (la British North Greenland Expedition – BNGE) de juillet 1952 à Août 1954.
Cette histoire n’est pas sans nous rappeler l’épopée de Sir Edmund Hillary qui a vaincu le sommet de l’Himalaya en 1953 avec une Rolex Oyster Perpetual à son poignet (relire notre article à ce sujet). Et pour cause, puisque le même Hans Wilsdorf, fondateur de Rolex, est à l’origine de la marque Tudor qu’il créa en 1946.
C’est ainsi qu’en 1952, les 30 membres de l’équipage du BNGE, emmenés par le commandant James Simpson partirent, avec 26 Tudor Oyster Prince (réf. 7908), au Nord du Groenland. Ils y resteront 2 ans pour mener des études scientifiques par -50 degrés C°, abrités sous des tentes, après avoir chutés dans une crevasse et assisté au crash d’un avion de ravitaillement sur la banquise.
A leur retour en 1954, les membres de l’expédition furent accueillis avec les honneurs par la reine Elisabeth ( vidéo ci-dessus) et Hans Wilsdorf pouvait ajouter un succès supplémentaire à son long palmarès.
Traquées par tous les collectionneurs de la terre, personne ne su que ce qu’est advenu de ces 26 montres. Jusqu’à ce jour où le Major Homard retrouva son exemplaire, 60 ans après, dans un tiroir de la cuisine de sa maison à Rochester.
L’épouse de l’explorateur se souvient de l’avoir portée à son poignet en 1956 lorsque son marie repartit pour une nouvelle expédition au pôle Sud. Elle reconnait l’avoir ensuite délaissée puis oubliée pendant des décennies.
La montre du Major Homard fut identifiée grâce au numéro de série gravée sur son boitier qui fut comparé aux registres de Tudor ainsi qu’aux livres de l’expédition sur lesquels fut reportés les mesures de précision faites durant l’expédition.
La montre du Major a été exposée l’année dernière à Londres, au salonQP. Le jour de l’inauguration le Major Homard reçut de Tudor une Heritage Ranger gravée, qui est selon la marque, la ré-interprétation moderne de cette Oyster Prince de 1952.
En fait, une première version de la Tudor Ranger avait déjà existé dés 1964.
Cette Ranger des années 60 est à la Tudor 7809 ce que l’Explorer fut à la Rolex de Sir Edmund Hillary.
Toutes deux avaient un boitier étanche Oyster, un cadran noir 3-6-9 et toutes les deux on été rebaptisées pour devenir la «toolwatch» de leur marque.
Malheureusement, la Ranger n’a pas eu le succès escompté, sûrement éclipsée par sa grande soeur Rolex dont le nom «Explorer» (explorateur en anglais) a bénéficié de l’aura des grandes expéditions de l’époque.
D’ailleurs, si on regarde cette brochure de l’Explorer des années 60-70, on remarque que Rolex avait tout misé sur l’Explorer, n’hésitant pas a s’attribuer les succès de l’expédition anglaise au Groenland au détriment de Tudor.
La Tudor Ranger de 1964 fut par la suite peu à peu oubliée. Fabriquée en très petite quantité, c’est une montre assez rare à trouver sur le marché du vintage où subsistent en revanche pas mal de contrefaçons.
Relancé récemment par Tudor dans sa gamme Heritage, la Ranger a su garder tout le charme vintage de l’époque de ces pionniers (voir l’excellente revue des Rhabilleurs à ce sujet).
Il est d’ailleurs étonnant de voir que la marque n’ait pas exploité d’avantage cette histoire d’expédition au Groenland, alors qu’elle en a toute la légitimité historique. D’autres n’auraient pas du tout hésité pour beaucoup moins …
J’espère que cette petite injustice sera quelque peu réparée, ici, à travers cet article.
Pour aller plus loin :
- L’article du Telegraph sur la montre du Major Homard : Frozen in time: Tudor’s Arctic adventure
- La timeline historique officielle de Tudor
- Hillary et Tenzing – controverse Smiths / Rolex – la dernière pièce du puzzle
- La Rolex OysterQuartz de Reinhold Messner
Andrew Twisty
Nice!
Oliwoud
J´aimerais bien avoir des Fonds de tiroirs pareil … encore une fois Reportage interessant , bravo !
Moonphase
Merci pour les encouragements. Il ne faut pas désespérer, une seule de ces montres a été retrouvée, il en reste encore 25 dans la nature : la chasse est donc ouverte !
Fred
Beau travail !
Sans quoi et en pour subjectivité, je préfère les lignes du modèle d’origine
à celles de la ré édition.