Quand on évoque le «King of cool» tout le monde pense immédiatement à sa Submariner 5512, à la très mythique Heuer Monaco du film «Le Mans», à la Rolex Explorer 1655 qu’il n’a jamais porté, ou encore à sa Hanhart 417. On a pu le voir aussi avec une Tank Cartier Américaine (dans «L’affaire Thomas Crown») ainsi qu’une Lecoultre Memovox.
Paradoxalement, peu de gens connait la montre qu’il portait dans le film «Bullitt» qui est pourtant son film le plus emblématique avec «L’affaire Thomas Crown».
Dans ce thriller de 1968, le lieutenant de police, Frank Bullitt est chargé par un politicien ambitieux, de protéger un gangster dont le témoignage est capital dans un procès où est impliqué l’homme politique. Malgré les précautions prises par Bullitt et ses hommes, le témoin est grièvement blessé, et décède des suites de ses blessures sur son lit d’hôpital. Bullitt mène alors l’enquête pour retrouver les meurtriers.
Avec le personnage de Bullitt, Steve McQueen impose d’emblée sa présence, peu affable, tout en retenu. Tout son style est là. Toute sa complexité intérieure aussi. Il a su transformer en atout ce caractère taciturne que les metteurs en scène lui reprochaient tant à ses débuts.
Le film «Bullitt» est aussi et surtout devenu mythique grâce à une impressionnante course poursuite entre une Ford Mustang et une Dodge Charger dans les rues de San Francisco. Cette scène est, depuis, devenue un classique et une référence en matière de poursuite automobile pour des générations de cinéastes.
McQueen, en pilote chevronné, exigea de ne pas se faire doubler dans certaines séquences de cascades. Durant 7 minutes et 53 secondes, la musique de Lalo Schifrin s’est tut pour ne laisser entendre que les vrombissements de moteurs et les crissements de pneus, amplifiant ainsi le côté dramatique de la séquence.
Plus tard, Jean Paul Belmondo, pour lequel nous avons déjà évoqué l’admiration pour le style de Steve McQueen, rendra hommage à Bullitt, avec une course poursuite dans Paris au volant lui aussi d’une Ford Mustang. Le film s’appelera «Le marginal» sur une musique composé par le même Lalo Schifrin.
En 2007, le film «Bullitt» est sélectionné par Le National Film Registry pour être conservé à la Bibliothèque du Congrès aux États-Unis pour son « importance culturelle, historique ou esthétique ».
Quant au garde temps porté par le personnage de Franck Bullitt : rien de tape à l’oeil ni d’ostentatoire. Il s’agit d’une Benrus DTU-2A/P, une montre militaire souvent portée par les vétérans du Vietnam.
Parmi les entreprises horlogères qui ont contribué à l’effort de guerre américain (Hamilton, Elgin, Waltham), Benrus était la seule société qui ne fabriquait pas ses propres mouvements sur le territoire américain mais utilisait des mouvements suisses importés.
En 1962, le département de la défense révisa le cahier des charges MIL-W-3818A des montres militaires pour en augmenter la fiabilité. De tous les modèles soumis par les marques Longines-Wittnauer, Mathey -Tissot, Bulova, Benrus and Clinton, seule la Benrus DTU-2A/P fut retenue pour sa conformité aux exigences demandées. Elle équipera les soldats américains de 1964 à 1968.
Le mouvement de la montre était un Benrus DR 2F2, un calibre à remontage manuel avec 17 rubis, basé sur un mouvement ETA 2370, modifié pour y ajouter un stop seconde (Hacking) exigé par les spécifications militaires.
Le système de stop seconde permet d’arrêter temporairement l’aiguille des secondes quand la couronne est retirée, afin de synchroniser simultanément plusieurs montres (une scène que nous avons tous vue dans les films de guerre).
Autre spécificité : la Benrus DTU-2A/P avait des anses percées alors que la plupart des montres militaires de cette époque possèdent des anses fixes.
Aujourd’hui, à l’instar de la Heuer Monaco et autres Submariner 5512, la Benrus DTU-2A/P nous permet de toucher au mythe McQueen pour juste quelques centaines d’euros. So chic !
Pour aller plus loin, ci dessous le film «Bullitt, commitment to reality » qui retrace le « making of » du film, ainsi qu’un tableau Pinterest réalisé pour cet article, sur les montres de Steve McQueen.
Ainsi que l’article de référence, si vous êtes fan de Mc Queen :
ANTOINE Hervé
Que de souvenirs.
Mon frère a eu cette Mustang Fastback 390 GT de 1969… la bande son du film est du 100% inside… pour avoir eu la chance de rouler cette ‘stang mythique, je vous le confirme, le bruit moteur est bien celui-la… mais à l’époque pas de Benrus à mon poignet.
Merci pour la vidéo… Souvenir, souvenir…
ANTOINE Hervé
1968, pardon 1968…
Moonphase
Merci pour votre commentaire. En 68, je n’étais pas né. Votre témoignage force le respect, tout comme votre site et votre collection de Yema. J’avoue être depuis peu assez troublé par la Yema « dayto », un peu à cause de vous….
Batilou
Très sympa cette article, félicitations.
Sinon il faut vraiment éviter le site d’ ANTOINE Hervé il est plein de tentations……..;-)
VT7769
Le Marginal, c’est Morricone, pas Schifrin !
Au passage, mes compliments pour ce très bon blog.
Moonphase
Bien sûr, vous avez raison. Je fais ce blog à des heures très avancées, il ne faut pas croire tout ce que je dis.
Merci pour les compliments. Malheureusement, Je ne viens plus très souvent en ce moment, le temps me manque cruellement… un comble pour un blog qui par le montre !
Alain
Bonjour,
merci pour cet article. Jusqu’ici, je croyais qu’il portait une Hamilton Khaki (c’est dans la même veine, quand même…).
Un choix tout à fait adapté au personnage joué !
Quand à la poursuite, je me la suis passé en boucle pendant des années, et je la connais au crissement de pneus près !
Cordialement.
Moonphase
Cher Alain,
Vous avez raison elle sont très très proches. J’avais fait des recherches à l’époque et le recoupement avec la date de tournage du film correspond bien avec la période de dotation des Benrus. D’autres photos tirées du film montrent un logo Benrus sur le cadran ainsi qu’une aiguille des secondes avec un bout rouge. Ce qui nous orienterait plus vers une version civile de la DTU A2P. J’ai eu la chance de trouver ce modèle (assez rare) récemment. Vous pouvez la voir ici : http://bit.ly/2cD4Q53
En tout cas, sur la voiture, il n’y a aucun doute 🙂
Merci pour votre contribution.
s
PhJB
Bonjour,
En fait et comme l’a évoqué le lecteur précédent dès lors que le cadran porte le nom « Benrus », il s’agit d’une version civile la 3061 qui n’a bien évidemment pas vu le sol de Vietnam ce qui ne retire rien à ses qualités.
Pour votre information : http://wornandwound.com/review/affordable-vintage-bullitt-benrus/
Félicitations pour votre site, une référence en la matière
Cordialement
PhJB