L’histoire de la Globemaster, c’est un peu le retour de l’enfant prodige. Dans la cour de récré de l’école Omega, le premier de la classe portait le nom de « Constellation ». Plus discret mais non moins brillant, elle a souvent été éclipsée de la scène par ses camarades de classe. Il est vrai que les montres d’astronautes faisaient plus rêver les petits garçons et les montres d’espions sont bien plus glamours pour séduire les filles…
Pourtant dans les années 50 (bien avant ses accolytes Speedmaster et Seamaster) la Constellation, sous ses airs sages, était déjà l’as de tous les concours, remportant les médailles les unes après les autres.
Pour bien comprendre cette période, je vous invite à relire notre article sur les pionniers de la chronométrie, une époque révolue où des maîtres-régleurs, préparaient les mouvements comme on réglait une formule 1 et poussaient leur précision à des niveaux d’exigence jamais atteint.
Durant toute cette période, fort de son impressionnant palmarès, Omega deviendra le plus grand fabricant de montres « Chronometre officially certified », la plupart sous le nom de « Constellation ».
Fidèle à nos habitudes, et comme nous l’avons fait avec la Seamaster 300, nous allons aborder ici les points de références historiques qui ont inspiré le récent modèle Master Globemaster d’Omega.
L’origine du nom « Globemaster »
Le nom « Globemaster » est en fait une un clin d’oeil que fait la marque à son histoire du début des années 50. Lors de la commercialisation des Constellations sur le marché américain, pour des questions de copyright (vis à vis du Lockheed Constellation), ces dernières ont du être rebaptisées « Globemaster ». Le Globemaster était aussi le nom d’un autre avion gros porteur, le Douglas C-124, conçu par les américains avec l’expérience acquise lors du pont aérien de Berlin en 1945.
C’est ainsi qu’au milieu des années 50, lorsque les problèmes de copyright furent réglés, le nom de Globemaster a été progressivement abandonné au profit du nom Constellation.
C’est aussi vers 1959 que les termes anglais « Chronometre Officially Certified » furent définitivement remplacés par leurs équivalents américains ‘Chronometer Officially Certified ».
Le cadran « Pie Pan »
Les premiers cadrans « Pie Pan » (poêle à tarte) firent leur apparition en 1952 sur le boîtier réf. 2699 à fond vissé offrant une étanchéité à 30m. Les boîtiers 2699 et 2700 (à fond clipsé) étaient considérés comme les versions « luxe » de la gamme Constellation. Ce cadran à 12 pans était en or 18 carats et les bords polis contrastaient avec le centre brossé ainsi que les index en forme de diamants.
Le cadran « Pie Pan » a fait sensation lors de sa sortie et est devenu depuis la signature stylistique des montres Constellation.
Ce cadran « Pie Pan », a été repris sur la Globemaster pour rappeler l’héritage de la Constellation dont elle perpétue la tradition.
Le boîtier « C-shape »
C’est le modèle de 1964 (réf. 168.009) et son boîtier en forme de « C » qui donnera à la Globemaster sa ligne actuelle. Une interview de l’épouse du designer accréditerait la paternité de ce boîtier à Gerald Genta, à l’époque où il ne signait pas encore ses créations. Toujours est-il que cette forme de carrure a permis à la Constellation de prendre de l’embonpoint et d’acquérir une taille plus importante, plus adaptée aux standards des montres dites « sport » de cette époque .
L’originalité de la montre est aussi liée à sa forme galbée et à ses cornes plus courtes pour accueillir un bracelet qui vient s’intégrer au boîtier.
C’est en 1964 (bien avant la Royal Oak) que Pierre Moinat (directeur de la création d’Omega) lança le prototype de la première montre à bracelet intégré. Il déposera le brevet en 1965 et lancera la production de la Constellation réf. 168.009 dès 1969.
La lunette cannelée
Le modèle Constellation gardera son boîtier C-Shape jusqu’en 1978 avec une dernière itération (réf. 168.0057) équipée de la fameuse lunette cannelée et de l’étoile sur le cadran.
Nous sommes alors en présence de la configuration la plus proche de ce qui deviendra plus tard la Master Globemaster.
Le blason de l’observatoire et ses 8 étoiles formant la constellation
Enfin, tout l’ADN historique de l’épopée de la chronométrie se retrouve sur le dos des boîtiers des Constellation avec ce fameux blason gravé de l’observatoire où a eu lieux ces concours. Dans le ciel, au dessus de la coupole de l’observatoire on retrouve les huit étoiles représentant les 8 plus importants records de précision remportés par Omega.
La certification METAS
Jetant un pont entre son glorieux passé et le présent, Omega renoue avec la tradition de la chronométrie en re-introduisant ce blason serti sur le fond de boite en saphir de la Globemaster.
Modernité oblige, les huit étoiles au dessus de la coupole représentent désormais les huit tests METAS auxquels la montre doit satisfaire pour prétendre au titre de Master Chronometer.
Les huit critères retenus par l‘Institut Fédéral Suisse de Métrologie (METAS) pour le processus de certification sont :
- Précision journalière moyenne de la montre
- Fonctionnement du mouvement certifié COSC pendant l’exposition à un champ magnétique de 15 000 Gauss
- Fonctionnement de la montre pendant l’exposition à un champ magnétique de 15 000 Gauss
- Ecart de la précision journalière après exposition à un champ magnétique de 15 000 Gauss
- Etanchéité
- Réserve de marche
- Ecart de marche instantanée entre 100% et 33% de réserve de marche
- Ecart de marche instantanée de la montre dans six positions
Encore une fois, en rédigeant cet article, je me rend compte de la richesse du patrimoine historique de la marque Omega que je redécouvre chaque jour. Je salut également l’élégance et la manière dont ils ont su plonger dans leur passé pour réussir à proposer ce qu’il se fait de mieux techniquement aujourd’hui.
J’ai cependant souvent regretté que ce glorieux héritage soit méconnu du grand public, souvent plus attiré par une communication glamour qui privilégie le paillettes et les égéries célèbres… C’est aussi cette injustice que j’ai essayé rétablir dans cet article.
Pour aller plus loin :
- Le site de référence en ce qui concerne les Omega Constellation de collection
- Un point historique très complet sur le boîtier « C-shape » qui a inspiré la Master Globemaster
- Notre article sur les concours de chronométrie durant les années 40-50
- Le site de l’observatoire de Genève
- Infos complémentaires sur la Master Globemaster
- Les histoires Omega sur Moonphase
Micka
Super article ! Merci
Dan
Merci pour ce beau travail de recherche et ces jolies photos … Tes for sharing.
Kind regards
Dan