Cet auto-portrait de Francis Bacon est presque un tableau apaisé. On n’y trouve pas de carcasses d’animaux, pas de trace de sang, pas de papes torturés, ni de visages déformés. Au centre de cet auto-portrait, il y a une montre… .
Le peintre appuie son coude droit sur le bord d’un lavabo. Son atelier est réduit à une pièce ronde vide. Les seuls accessoires sont cette chaise en bois et cette ampoule nue. Le seul élément inquiétant est ce lavabo dans lequel est cachée la main gauche (saignante ?) du personnage.
Les seuls signes apparents de stress sont ses jambes croisées qui s’enroulent l’une sur l’autre, avec cette main qui retient sa tête et ce visage qui se cache derrière son bras. Une séparation ? L’angoisse de l’attente ou simplement l’ennuie… .
Francis Bacon peignait ses portraits à partir de photos. Il disait lui même que la manière de peindre a été complètement bouleversée par l’invention de la photographie.
Sur cette photo de Peter Stark qui a servi de «modèle» à l’auto-portrait de 1973, on réalise que dans son tableau, Bacon a volontairement dissimulé sa main gauche dans le lavabo et déplacé sa montre sur son poignet droit, la mettant ainsi au centre du tableau. Elle affiche 5 heures et 10 minutes.
Le temps qui passe semble peser sur le personnage qui doit continuer à supporter sa propre présence symbolisée par son propre reflet dans le miroir.
Ma peinture est une représentation de la vie, ma propre vie en particulier, qui a été très difficile. Alors, peut-être que ma peinture est très violente, mais cela est naturel pour moi.
Les photos suivantes nous indiquent que Francis Bacon portait au quotidien une Rolex GMT Master.
Pour aller plus loin cet interview de 1984 extrait du DVD « Francis Bacon – L’Homme et l’arène » d’Adam Low (2007).