La rentrée est déjà là. Je sors enfin de ma torpeur après avoir mis de côté ma libido horlogère pour l’été.
Suite à mon article sur la Polerouter, il me fallait trouver une autre montre digne de prolonger la saga. Une montre passée sous les radars, racée et atypique, avec quelque chose de pas banal à raconter. Pas évident car en matière de vintage tout a déjà été dit, tout a déjà été vu. L’idée est venue de l’ami Jérôme (alias @thedivewatchguy) qui m’a proposé de redécouvrir cette montre que nous connaissions tous, sans réellement avoir pris le temps de nous y attarder.
Elle est là, devant moi. Cette semaine je vous parle de la très atypique Aquastar 63.
En horlogerie il ne faut jamais dire jamais. Il faut apprendre à connaitre avant d’aimer, et je salue l’initiative de Jérôme, grand amateur de la marque, qui m’a permis d’appréhender cette montre sous un autre angle. J’avoue que le look « OVNI » de l’Aquastar 63 m’avait quelque peu rebuté de prime abord. Une boîte polie, épaisse et aux angles vifs, un plexi super dôme très haut perché, des index appliqués typiques des Aquastar et des Squale de l’époque, une aiguille des heures à bout « carrée » semblable à celles des Mark XI et …
… surtout cette lunette tournante interne qui la rend unique en son genre.
C’est bien sûr dans cette lunette brevetée que réside toute l’innovation de l’Aquastar 63. Alors que la Super Compressor de Piquerez nécessitait deux couronnes, une pour l’heure et une pour la lunette, l’Aquastar 63 n’en avait besoin que d’une seule, réduisant ainsi les risques d’infiltration dans le boitier. Ce point reste assez théorique puisque l’unique couronne (non vissée) est du coup beaucoup plus sollicitée…
Le fonctionnement de la « 63 » est assez déroutant pour celui qui n’est pas initié. Au début, j’avoue ne pas avoir compris les explications de Jérôme. C’est seulement en prenant la montre en main que tout est devenu évident. En fait, la lunette est en permanence tractée par un pignon qui est solidaire de la tige. De ce fait, elle continue de tourner même quand on remonte la montre ou lorsqu’on règle l’heure.
Il faut donc bien penser à bien repositionner la lunette après chaque utilisation de cette couronne.
Alors, est-ce fiable ? n’étant pas plongeur, je m’abstiendrais de répondre directement à cette question. Mais voici quand même quelques indices rassurant :
Aquastar est une marque qui n’a plus rien à prouver dans ce domaine avec des modèles mythique comme l’Atoll, la Seatime, la Benthos, la Regate, l’Airstar et bien sûr la très convoitée Deepstar qui a gagné ses galons au poignet du Commandant Cousteau.
La « 63 » était au catalogue de la Spirotechnique (fondée par ce même Jacques Yves Cousteau) au même titre que les illustres Triton Spirotechnique et Tudor Submariner, toutes deux utilisées par la Marine Nationale.
Auto-proclamée à l’époque comme « la montre la plus vendue dans le monde » (voir la publicité en fin d’article), son succès commercial est un gage de qualité qui explique aussi le grand nombre de ces montres sur le marché du vintage (contrairement à la Triton, voir mon article à ce sujet).
Côté spécifications, l’Aquastar 63 est étanche à 20 ATM, mesure 37mm de diamètre et 14mm d’épaisseur.
Le coté soucoupe volante vient de son sublime plexi « Super High Dome » qui mesure à lui seul 3mm de haut ! Cette bulle tout en rondeur joue admirablement le contraste avec la boite épaisse, massive et anguleuse de la montre.
L’autre atout charme de la « 63 » vient aussi de son intriguant cadran convexe et de sa finition irisée « polarisante& » qui fait ressortir délicatement ses aiguilles et ses index ronds au tritium. Le cadran vient en 2 finitions différentes. En fonction de l’inclinaison, l’un peut virer du marron au cuivre, tandis que l’autre joue des variations entre le noir et le bleu marine. Magnifique, je vous dis !
Côté motorisation, l’Aquastar n’a rien à envier aux ETA de la Triton et de la Submariner Tudor. Elles furent majoritairement équipées d’un mouvement A. Schild AS1701. Plus tard, apparaîtra une version avec un calibre AS1713, dont le mécanisme de la lunette se débraye lorsque la couronne est tirée pour le réglage de l’heure. Pour les distinguer, c’est écrit sur le fond de boite en bas de l’étoile aux 18 branches, signature de la maison.
Cette montre ayant été distribuée à l’étranger, vous la trouverez aussi sous les marques Duward en Espagne et Lorenz en Italie. J’en ai même vu une avec une double signature Aquastar et Cuervos y Sobrinos. La classe, non ?
Enfin, avant de vous jeter la tête en avant, sachez que de nombreux exemplaires subsistent sur le marché et que le faible intérêt (provisoire) maintient les prix assez bas (pour l’instant). Les marges de manoeuvre sont donc encore grandes, ne visez donc que des exemplaires en très bon état. Les points à vérifier sont : les aiguilles souvent remplacées, le cadrans trop « tropicalisés », le fonctionnement de la lunette et comme souvent le fond de boite qui a été forcé …
Voilà, une fois de plus, il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. Un adage qui retrouve tout son sens dans le monde de l’horlogerie. On aime celles qu’on a détestées et vice-versa. Revenir au point de départ n’est jamais un problème, au contraire !
Je remercie chaleureusement Jérôme qui m’a accompagné dans la (re)découverte de cette montre et dans l’acquisition de celle qui, depuis, ne quitte plus mon poignet. Vous pouvez découvrir sa magnifique collection d’Aquastar sur son compte Instagram.
Un grand merci aussi à Yannick pour cette très belle photo de sa 1701 qui fait l’ouverture de ce post.
Pour aller plus loin :
- Les montres de plongée sur Moonphase
- La Triton et la ZRC sur Moonphase
Fred Chrono
Bravo et merci pour cette excellente revue !
Simon et Jérôme, vous avez fait du bon boulot, comme toujours… 🙂
Moonphase
Merci Fred !
SpeedTar
Superbe article et son style atypique la rend attachante j’en conviens aisément!!
Moonphase
Hello Speedtar,
attachant est le mot, on ne peut pas dire qu’elle soit « belle » dans l’absolue. Depuis que j’ai la marron je me suis fixer de trouver la bleue pour la remplacer. Finalement, je l’aime bien comme elle est. Peut être les deux, si l’occasion se présente . En attendant, je ne la quitte plus et j’en suis le premier surpris !
Merci en tout cas 😉
s
Paul
Excellent article, bravo