Il y a les montres qu’on a détestées puis qu’on fini par adorer avec le temps, puis il y a les montres avec lesquelles on sait dès le départ qu’il ne se passera jamais rien. Je sais bien, en matière horlogère, il ne fait jamais dire jamais. Mais avec la Breitling Navitimer, là quand même, c’était peut être trop me demander.
Cadran surchargé, bracelet avec couture contraste pas forcément à mon goût et puis surtout cette règle de calcul si compliquée et qui ne me servira pourtant jamais…
On peut tout à fait s’offrir une phase de lune sans être un loup garou, ou encore, avec beaucoup de mauvaise foi, porter une Seamaster 300m juste pour faire la vaisselle ou prendre sa douche. Mais une règle de calcul pour la navigation aérienne, je ne suis pas sûr que j’arriverai à m’en justifier l’utilité de quelque manière que ce soit.
Mais soit, admettons. Il faut parfois persévérer pour découvrir la vraie saveur des choses.
Une autre tactique serait d’aller chercher l’inspiration en regardant les autres, et prendre exemple sur les icônes du style à qui cette montre a fait honneur. C’est chose facile avec internet de nos jours : il suffit de tapoter sur son ordinateur et le monde s’ouvre à vous comme une huitre.
Première découverte : John Travolta. Pas du tout mon type du mec «cool», puis il y a surtout lui : çà commence donc très mal.
Au secours ! Passons vite avant que j’abandonne…
Vient alors aux détours de quelques clics l’inattendu Serge Gainsbourg : là, c’est enfin du lourd. Les gens qui ont du talent ont forcement du style. C’est comme çà, on y peut rien. On pourrait leur mettre un sac poubelle sur la tête que leur charisme passerait au travers.
Cette Navitimer 81600 en platine monté sur un bracelet racing lui va à ravir et contraste bien avec son look « décontracté ». Je pourrais presque changer d’avis sur cette montre et il m’en faudrait peu pour finir de me convaincre définitivement.
C’est ainsi qu’à quelques scrolls de souris je tombe sur celui qu’on surnomme le «prince of Darkness» et qui représente la quintessence même du «cool» selon Bob Dylan.
Sur cette photo prise par Guy Le Querrect pour l’agence Magnum lors d’un concert à la Salle Pleyel en 1969, Monsieur Miles Davis arbore à son poignet l’objet de ce billet, la fameuse Breitling Navitimer.
J’ai retrouvé cette vidéo du concert où est tirée cette photo. Le Maître porte sa Navitimer sur un bracelet de type Bund.
Dans cette autre vidéo à Antibes (1969) où on peut voir cette même montre «live» mais cette fois montée sur un bracelet de type mesh.
20 ans avant Gainsbourg, Miles Davis portait donc déjà une Breitling Navitimer. Costumes italiens croisés parfaitement ajustés, chemises Brooks Brothers et souliers impeccables, Miles Davis était bien un homme de style et de classe. Une élégance inée, à la fois fluide et sophistiquée.
Les choses discutables ne se discutent plus. Je suis maintenant converti. Une nouvelle CHI (Compulsion Horlogère Impulsive) commence à me titiller. Je ne résiste pas. Laissons la venir. Laissons la me dévorer, c’est tellement bon de revenir de si loin.
Plus tard, dans une autre période, on pourra aussi voir Miles Davis avec des Rolex, notamment une Day-Date en or.