Rencontrer Laurent Ferrier, dans le monde de l’horlogerie, c’est un peu comme rencontrer Charles Eames ou encore Dieter Rams dans le milieu du design. Cette comparaison pourrait sembler quelque peu excessive pour une maison horlogère lancée il y a à peine 5 ans. Mais les personnes qui ont eu la chance d’approcher les créations de Laurent Ferrier, comprendront ce dont je parle. Car c’est bien après avoir vu ces montres de près que les choses deviennent soudainement une évidence… .
C’est donc avec une certaine fébrilité, que je me suis rendu au rendez-vous organisé par Antoine de Macedo. Comme beaucoup, j’avais découvert cette marque à travers le reportage de Benjamin Clymer sans jamais avoir eu l’occasion voir de près ces fameux garde-temps. Je me souviens m’être longuement extasié sur l’écran de mon ordinateur… . L’opportunité de pouvoir les admirer et les passer à mon poignet est un moment que j’appréhendais un peu, car, comme pour beaucoup d’autres choses, les montres sont souvent plus jolies en photos que dans la réalité.
Laurent Ferrier parle de ses créations et de sa passion avec ferveur. Il n’est pas adepte du story telling comme cela se pratique tant dans ce milieu. Pourtant il aurait de quoi faire.
Une anecdote qu’il n’a pas évoquée par modestie mais qui donnera une idée de la ‘coolitude’ du personnage : parallèlement à sa carrière d’horloger, il a notamment été coureur automobile dans sa jeunesse et a participé à plusieurs reprises aux 24 heures du Mans où il est même arrivé troisième en 1979. Juste derrière un certain Paul Newman… ça force déjà le respect.
Avant de s’affranchir des règles, il faut d’abord les maîtriser.
On ne pouvait pas tomber mieux. Laurent Ferrier a été ensuite pendant 30 ans Directeur Technique de Patek Philippe.
La veille de sa retraite, il est challengé par un ami qui lui suggère de créer une véritable montre d’horloger en y mettant tout son savoir et son expérience.
Au lieu d’opter pour un repos bien mérité, Laurent Ferrier relève le défi avec comme objectif d’aller plus loin encore dans la pureté des lignes et dans l’harmonie des courbes sans outrepasser les codes de l’élégance de l’horlogerie classique.
Dit comme ça, ça n’a l’air de rien mais l’exercice n’est pas une mince affaire. A quoi bon relever un défi s’il est trop facile à réaliser ? Il aurait été simple, en effet, de créer une nouvelle itération des Richard Miles ou des Linde Werdelin. Lorsque l’on sort du cadre tout est plus facile, mais révolutionner les règles de l’intérieur est une autre histoire.
Le coup d’essais fut un coup de maître. La Galet Classic remporte le Prix de la Meilleure Montre Homme au Grand Prix d’Horlogerie de Genève de 2010. C’est la première fois qu’une maison aussi jeune est primée dès sa première création.
Les montres de Laurent Ferrier ont ce « je ne sais quoi » qui les distinguent du classicisme de l’horlogerie traditionnelle. Elles sont très contemporaines tout en restant intemporelles, elles ne sont ni trop grosses, ni trop petites – ni trop épaisses et ni trop plates… . Avec des lignes pures et des proportions harmonieuses, ce sont des garde-temps simples et complexes à la fois.
Mais d’où vient donc la pureté des ces courbes et la beauté des ces galbes ?
Laurent Ferrier répond que l’harmonie générale de ses montres ne vient pas d’un savant calcul basé sur je ne sais quel chiffre d’or dont il en aurait le secret. Il m’explique que cette pureté et cet équilibre vient tout simplement de l’outil le plus acéré et le plus précis qu’il possède : son oeil.
Ce regard qu’il a affiné et perfectionné au fil des années passées à faire et à refaire des garde-temps, jusqu’à ce que les choses se révèlent d’elles même et qu’elles deviennent évidentes.
Ces évidences, ce sont les proportions quasi parfaites d’une montre qui se pose avec élégance sur le poignet,
ces cornes plongeantes qui laissent apparaître le galbe d’un boitier bombé et enveloppant comme un galet,
ces aiguilles ‘signature’ en forme de sagaies aux courbes si fines et si précises
et ces angles rentrant que seule la main peut polir et qui subliment si bien le métal.
Il y a aussi ces ponts aux contours si fins ainsi que ces micro-rotors aux subtiles finitions.
Oui, le micro-rotor, c’est tellement plus chic quand la masse ne cache pas la beauté du mouvement.
Quant au tourbillon double spirale, Monsieur Ferrier a eu l’élégance de ne pas l’exposer ostensiblement sur le cadran (vous savez, ces montres qui ont un trou sur le devant). Seule une discrète signature ton sur ton sur le cadran permet, à celui qui a l’oeil, d’apprécier le bon goût de son propriétaire.
Le summum de l’élégance, c’est la discrétion. Les montres Laurent Ferrier c’est seulement pour ceux qui «savent».
Revenons maintenant sur terre. Nous sommes bien sûr dans le domaine du superlatif et l’exceptionnel. Le Galet Micro-rotor (or rose) est aux alentours des 44 000 euros tandis que le tourbillon atteint les 177 000 euros.
La manufacture fabrique à la main une centaine de montres par an. Pour avoir un ordre de grandeur, Patek réalise 50 000 montres par an tandis que Rolex en vend plus d’un million chaque année.
Alors bien sûr on pourrait en débattre pendant des heures, le bon goût et l’élégance ont un prix… mais en matière horlogère, le mauvais goût est aussi souvent hors de prix.
Pour ceux qui en ont les moyens, vous avez devant vous une maison indépendante, créative et innovante qui, à mon avis, fabrique ce qu’il se fait de mieux dans le domaine. Sans aucune hésitation.
Merci à Antoine de Macedo pour avoir organisé cette rencontre. Pour en savoir plus sur les montres Laurent ferrier.
des Grottes
Bonjour,
Je voulais deja vous remercier pour tous les articles de qualité que vous nous proposez !
Je suis actuellement en train de créer une marque horlogère et je voulais savoir si vous connaissiez certaines personnes qui pourraient m’accompagner notamment dans la réalisation d’un prototype puis de la production de mes pièces.
Merci d’avance,
Albéric des Grottes