Peu de gens connait l’histoire de cette montre. Pourtant son nom (qui en fait est celui d’un calibre) gagne à être reconnu, au même titre que les Heuer Monaco et Autavia, qui tous deux ont déjà eu leur article sur ce blog.
Pour expliquer cette légitimité, il faut remonter aux années 60, époque à laquelle, plusieurs manufactures se sont lancées dans la course pour la conception du tout premier chronographe à remontage automatique. D’un côté nous avions le duo suisse Zenith / Movado et de l’autre les japonais de Seiko, qui travaillaient eux aussi à l’élaboration d’un tel projet.
Pour ne pas se laisser distancer, 4 autres manufactures décidèrent de se réunir en secret pour élaborer ensemble, leur propre chronographe automatique. Ce consortium était alors formé par les marques Heuer, Dubois Dépraz, Breitling et Hamilton-Büren.
Malgré cette collaboration, les 4 marques restaient néanmoins des concurrents. Il était donc convenu qu’à la fin du projet, chacun repartirait de son côté avec son calibre en lui donnant un nom différent. Pour rester secret, ce projet fut baptisé le «Projet 99».
En 1966, l’américain Hamilton décida de fabriquer ses mouvements en suisse en faisant l’acquisition de la manufacture Büren qui était déjà réputé pour avoir inventé le premier mouvement automatique à micro-rotor. Ce sera aussi Büren qui sera en charge, dans le «Projet 99», de développer le mouvement automatique inspiré de son calibre Intramatic.
Dubois Dépraz, sera lui, chargé du développement du module chronographe. Quant à Breitling et Heuer, ils devaient s’occuper des autres composants ainsi que de la supervision des cadrans et des boitiers.
Le 22 septembre 67, le consortium dépose le brevet du Chronomatic et le 3 mars 69, le premier chronographe automatique fut révélé au public, soit un mois avant la foire de Bâle où le «El Primero» de Zenith / Movado devait être présenté.
A cette foire, chacun avait pris le soin d’habiller son Chronomatic avec des boîtes et des cadrans différents.
Vendue d’abord sous le nom d’Autavia, Heuer décidera ensuite de le rebaptiser Calibre 11 et le placera dans un boîtier carré pour en faire la Monaco. Breitling en fit de même en appelant son calibre le Cronomat. Tandis que Hamilton gardera la dénomination de Chrono-matic (en 2 mots).
La Chrono-matic d’Hamilton est, à mon avis, la plus élégante et la plus raffinée des 3. Tout en restant racée et sportive, elle est aussi plus discrète et plus petite avec ses 37mm. La couronne n’étant plus sollicitée pour le remontage, elle sera comme sur l’Autavia, placée à gauche du boîtier. Comme Heuer l’a fait avec la Monaco, une version plus musclée sera commercialisée sous le nom de Chrono-Matic Fontainebleau.
Cette montre n’est plus dans la gamme actuelle de la marque Hamilton. Et l’épisode du Projet 99 n’est pas repris non plus dans son histoire officielle. Pourtant le monde des courses automobiles est à mon avis, un des domaines où la marque a le plus de potentiel tant son histoire et son patrimoine y est important. Ce passé glorieux est d’ailleurs en train de ressurgir avec les récents modèles «Pan Europ» réédition d’un autre modèle des années 70 qui, lui aussi, embarquait un calibre…Chronomatic.
Pour aller plus loin :
- Le projet 99 dans ton ses détails
- L’histoire conjointe du calibre 11 à travers la Heuer Monaco et la Hauer Autavia
- La découverte récente du premier chrono automatique : une Autavia portant le nom de Chronomatic
- La timeline historique de Hamilton et l’histoire de l’Hamilton Ventura racontée sur Moonphase.fr
Andrew Twisty
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