Vous pensiez que la première lunette tournante fut inventée par Blancpain en 1953 ? Vous aviez lu quelque part que les premiers chronographes Rolex n’avaient pas de mouvement de manufacture ?
Oubliez tout cela. Il y a bien longtemps, une montre possédait déjà, à elle seule, tout l’ADN des toolwatches Rolex modernes. Ce mystérieux « Zerographe » (réf. 3346) est un chronographe mono-poussoir créé en 1937 par une manufacture suisse qui n’est autre que … Rolex lui-même. Explication.
Chronographe mono-poussoir retour en vol
Contrairement aux autres chronographes Rolex de l’époque (lire notre article), le Zerographe était le seul à être animé par un calibre de manufacture. Il mesurait le temps avec une seconde centrale qui tournait sans discontinuer. Alors que la plupart des chronographes utilisaient un ou deux poussoirs pour arrêter, remettre à zéro et relancer la mesure, le Zerographe avait un seul bouton poussoir pour tout faire. La remise à zéro se fait lorsque le poussoir est enfoncé et la relance de la trotteuse se fait lorsqu’il est relâché. Le seul moyen de maintenir l’aiguille arrêtée était donc de garder le doigt sur ce poussoir.
Lunette tournante
L’autre particularité du Zerographe était d’avoir une lunette tournante avec une forme incurvée très atypique. L’utilité de cette lunette n’avait rien à voir avec la plongée. Subdivisée en 60 minutes, elle servait à mesurer la durée d’un événement continu en plaçant le zéro devant l’aiguille des minutes. Cette lunette permettait à la trotteuse de faire des mesures intermédiaires sans perdre de vue la durée de l’événement principal.
Sur le même principe, les premières lunettes de plongeuses seront créées beaucoup plus tard par Rolex pour la Turn-O-Graph puis pour la Submariner ainsi que par Blancpain pour la Fifety Fathoms (toutes les 3 apparues en 1953).
Premier chronographe avec boitier Oyster (32mm) et couronne vissée
Si la montre de Mercedes Gleitze datait déjà des années 20 (lire notre article), le Zerographe fut bien le tout premier chronographe à bénéficier du boitier Oyster à fond et couronne vissés que l’on retrouvera bien plus tard sur les Dato Compax « Killy » (1953) ou encore sur les chronographes pre-Daytona (1955).
Aiguilles Mercedes et cadran laqué « California Dial »
Alors que les aiguilles mercedes continuent à être utilisées de nos jours pour les Submariner, le Zerographe a aussi été l’une des toutes premières montres à utiliser les cadrans dit « California Dial » (moitié chiffres romains, moitié chiffres arabes). Le brevet de ce cadran sera déposé quelques années plus tard en 1941 et on le retrouvera des décennies après sur la Panerai Radiomir. Une version ultérieure du Zerographe avec un cadran à chiffres arabes sera rebaptisé plus tard « Centregraph ».
Extrêmement rares, 4 exemplaires seulement parmi les 12 Zerographe fabriqués furent retrouvés. l’un d’entre eux fut vendu par Christie’s en 2013 pour environs 400 000 usd.
Plus qu’un prototype, le Zerographe était déjà un concentré de toutes les innovations que l’on retrouvera plus tard sur les Rolex modernes. Un héritage que les ingénieurs de la marque ont amélioré et perduré jusqu’à nos jours. Aucun succès n’arrive par hasard.
Pour aller plus loin :
Les histoires Rolex sur Moonphase
Les chronographes vintages sur Moonphase
Paradoxe horloger : de la toolwatch à la montre bijoux
Léo
Elle est slendide! Savez vous pourquoi Rolex n’a jamais essayé d’en faire un « revival »? Je pense qu’elle pourrait avoir son succès auprès des fans de la marque à la couronne…
Moonphase
Je suis d’accord. Je pense qu’on devrait produire en série tous les protos de l’histoire. Elles ont tout l’ADN du design sans les fioritures du marketing 😉