« Il vaut mieux vivre en bourgeois et penser comme un artiste que vivre en artiste et penser comme un bourgeois ». Encore une citation d’Oscar Wilde qui convient bien à la situation.
Nous le savons tous, en matière de goût horloger, nous ne sommes pas à un paradoxe près. Sans être de mauvaise foi, il nous arrive tous de faire le grand écart.
Je me souviens aussi des paroles de sagesse que m’a récemment adressé le membre d’un forum : « Le temps aide à devenir vraiment soi-même. Quand on trouve la montre qu’il nous faut, on trouve aussi celui que l’on est. »
On n’est pas là pour juger, l’important c’est d’être bien dans sa tête avec sa montre.
Voici donc aujourd’hui, un double portrait horloger pour illustrer ce paradoxe :
Fidel Castro et sa Rolex GMT Master 6542
Le leader de la révolution cubaine est souvent apparu avec simultanément 2 Rolex à son poignet.
Souvent interprété comme de la coquetterie ou acte de provocation, l’explication la plus plausible serait qu’il avait tout simplement besoin de connaître l’heure dans 2 pays simultanément : un fuseau horaire avec sa Day Date et un autre avec sa Submariner. Ces 2 montres furent remplacer plus tard une GMT Master 6542 (sans garde couronne). Des photos plus récentes le montrèrent aussi avec une GMT Master 1675, avec garde couronne et insert noire.
Dans le langage commun, le sigle GMT définit l’heure solaire moyenne au méridien de Greenwich.
En horlogerie, le sigle GMT est utilisé pour désigner les montres qui indiquent sur le cadran, grâce à une aiguille d’heure supplémentaire, un deuxième fuseau horaire, c’est-à-dire l’heure exacte d’une ville située sur un autre fuseau horaire.
Dans notre cas on peut facilement imaginer que Castro avait besoin de connaître simultanément l’heure à la Havane ( même fuseau que Washington) et à Moscou.
Che Guevara et sa Rolex Espresso GMT Master 1675.
Che Guevara, son ami de longue date, frère d’arme et acolyte de révolution, portait lui aussi une Rolex Espresso GMT Master 1675. La GMT Master existait en 2 finitions : insert noire pour l’«expresso», insert rouge et bleu qu’on surnomme aussi «Pepsi», en rapport avec la couleur de la canette de cola.
La légende dit que du fait qu’ils fumaient tous les deux le cigare (cubain, forcement), leurs montres présentaient une patine prématurée très avancée.
A leur décharge, il convient de remettre les choses dans leur contexte de l’époque. Dans les années 60, bien avant l’avénement du quartz, la marque Rolex n’avait pas encore cette réputation sulfureuse de montres bijoux marqueurs de la réussite sociale. Outre leurs fonctionnalités innovantes on choisissait les montres Rolex surtout parce qu’elles étaient conçues pour être portées dans des conditions extrêmes (toolwatch), et que leur fiabilité à toute épreuve n’était plus à démontrer.
Viva la revolución!
UPDATE du 04/07/2014 : La polémique est relancée ce jour grâce à notre ex Président Nicolas Sarkozy, grand amateur de Rolex et de…. Castro !
UPDATE du 11/09/2014 : Découvert ce jour par moonphase.fr : Castro n’a pas toujours eu des Rolex, une photo ici, interviewé par Gina Lollobrigida en 1974, il porte ce qui semble être une Longines Wittnauer Polara LED.
montre automatique
Très bon reportage original autour d’un homme et d’une montre d’exception. Rolex reste une marque exceptionnelle qui a toujours offert des modèles d’une rare robustesse.
Moonphase
Merci pour vos encouragements. Un homme d’exception, je ne sais pas… La montre sûrement ! Je n’étais pas né, mais à sa décharge, j’ai l’impression qu’à cette époque où on portait ces montres plus pour ce qu’elles étaient et moins pour ce qu’elles valaient. Des outils de précisions, robustes et fiables, qui ne craignaient ni les chocs, ni les rayures…
smail
Je viens de voir le film sur le ché et grâce à vous je sais pourquoi il avait 2 montres.l’ironie du sort c qu’aujourd’hui rolex incarne tout ce qu’il combatait il doit se retourner dans sa tombe.
Moonphase
Merci pour votre commentaire.
Je l’ai dis et je le redis, il faut surtout garder à l’esprit qu’à cette époque on achetait une GMT pour sa complication et on choisissait une Rolex comme on choisissait un Leica ou un Nikon : pour leur fiabilité. Les montres étaient alors des outils et non des bijoux … Pour être plus complet, je vous conseils de lire cet article sur le paradoxe des toolwatch d’antan qui dorment maintenant dans des coffres : https://moonphase.fr/paradoxe-montres-mecaniques-de-la-toolwatch-a-la-montre-bijou/
Highjah
Merci de rétablir les choses à la fin de votre article !
Rolex n’avait effectivement pas du tout la même connotation, à l’époque.
Pour les deux montres au poignet : ma femme est actuellement aux Antilles et en l’absence de montre GMT, j’ai précisément retenu la même solution 🙂
De nos jours, nous avons trop oublié la dimension « outils » de certains modèles.
Alors que finalement, le plus beau dans une montre, c’est de la choisir pour les fonctions qu’elle propose et de lui donner une histoire, aux fil des ans et de nos propres épreuves.