Croton Nivada Antarctic, la montre de l’amiral Richard Byrd de l’expédition Deep Freeze

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Les histoires d’aventuriers font vendre. Pilotes, cosmonautes, explorateurs et héros en tout genre, sans eux, le marketing horloger serait intégralement à réinventer. Pourtant parmi toutes ces aventures qui ont peuplé l’histoire de l’horlogerie moderne, en voici une, qui est restée méconnue de beaucoup d’entre nous.

Plus facile à trouver que la Smiths de Sir Hillary, moins branchée que l’explorer ou la Ranger de la Greenland Expedition, plus accessible que la Speedmaster de Ralph Plaisted et plus mécanique que l’Oysterquartz de Reinhold Messner, voici une montre qui a l’odeur de l’aventure, le goût de l’aventure pour le prix …d’une G-shock neuve. Cette semaine dans la rubrique «Cheap and Chic» nous vous parlons de la Croton Nivada Antarctic de l’Amiral Byrd.

Richard Evelyn ByrdLe contre Amiral Richard Evelyn Byrd Jr (1888-1957) était un explorateur polaire et pilote officier de l’US Navy. Après avoir reçu la médaille du congrès pour avoir été le premier à avoir survolé le pôle nord (exploit démenti plus tard), Richard Byrd prendra le commandement de 4 expéditions en Antarctique dont les fameuses expéditions Deep Freeze I et II en 1955. Cette expédition permettra d’établir la base américaine permanente McMurdo en bord de mer de Ross. Cette base servira de port logistique 2 ans plus tard lors de l’année géophysique internationale (AGI) qui impliquera les Etats Unis, la France ainsi que 38 autres pays sur le continent Antarctique.

La société Nivada était le fournisseur «officiel» des montres de l’équipage de cette expédition. Nous nous trouvons encore devant une histoire qui illustre parfaitement le sponsoring horloger de l’époque. Une époque révolue où la Bubble back de Sir Hillary ne s’appelait pas encore Explorer. De la même manière, la montre de l’amiral Byrd ne portait pas encore le nom d’Antarctic.

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Photo : watchuseek.com

Ceci pour expliquer qu’à l’instar de l’Eterna qui a accompagné Thor Heyerdahl à bord du Kontiki, la Nivada de l’amiral Byrd n’a jamais était spécialement conçue pour résister aux conditions extrêmes auxquelles elle a été confrontée.

Il s’agissait de simples montres de série prises «sur l’étagère» que les maisons horlogères confiaient à ces aventuriers du bout du monde, en espérant qu’ils reviennent sains et saufs et si possible avec leur montre au poignet.
Ca passait ou ça cassait. C’était ainsi que se construisait une légende, avec un peu d’opportunisme et beaucoup de story telling dont le maitre incontesté était, bien sûr, Hans Wilsdorf.

L’Antarctic que portait l’amiral Byrd était une montre automatique, anti-magnétique et «étanche» de 34 mm de diamètre. Pour la belle histoire, on dira plus tard que la forme et la position des index étaient censées représenter les longitudes vue d’en haut de la calotte Antarctique. Surfant sur ce succès, Nivada déclinera ce nom sur la plupart de ses modèles d’époques dont certains étaient même certifiés chronomètre.

Photo : http://grail-watch.com/

Photo : http://grail-watch.com/

Fondée dans les années 20 à Granges (Grenchen), en Suisse, la maison Schneider Nivada SA ne s’est jamais lancée dans la fabrication de ses propres mouvements (comme beaucoup de marques à cette époque et rien n’a changé depuis apparemment), se contentant d’emboiter des calibres reconnus pour leur fiabilité comme ceux de Valjoux ( ETA, déjà eux) ou de Phoenix SA.

Nivada Chronomaster Aviator Sea Diver ad

Nivada a eu ensuite quelques succès avec des montres qui sont devenus des classiques pour les collectionneurs comme la Chronomaster Aviator Sea Diver (on en reparlera sûrement ici) ou encore la Dephmaster, une montre épaisse de plongeur (1000m) avec de faux airs de Radiomir qui lui vaudra le sobriquet de «Baby Panerai».

Photo : TimeZone

Photo : TimeZone

Sur le continent américain, Nivada était distribué par Horowitz & Son Inc. basé New York aussi connu sous le nom de Croton Watch Co..

Leur succès fut si grand que les montres vendues sous cette marque portait la double signature de «Croton Nivada».

Une sombre histoire de contentieux avec la marque Movado très connue aux Etats Unis (voir notre article) fit rajouter Nivada le mot «Grenchen» sur ses cadrans ce qui donnera plus tard à cette marque le nom à rallonge de : Croton Nivada Grenchen.

Plus tard, comme Universal, Buren, ou Enicar, Nivada rejoindra la longue liste de maisons suisses qui ont sombré sous l’hégémonie du quartz dans les années 70.

Pour les amateurs de la rubrique Cheap & Chic, surveillez régulièrement Ebay. Elles sont souvent en mauvaise état mais de temps en temps une pépite peut surgir pour quelques centaines d’euros. Ouvrez l’oeil…

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