Polissage : savoir vivre avec ses rides et ses cicatrices…

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Vaste sujet que celui du vieillissement et des marques du temps qui vont bien au delà de nos petites préoccupations horlogères… Tant que l’on n’aura pas inventé la lime à épaissir, aussi doué que peut être l’artisan et aussi précis que peut être son geste, polir une montre consistera toujours à lui enlever de la matière.

De ce fait, on ne répétera jamais assez que le polissage d’une montre n’est rien d’autre qu’une duperie car en aucun cas votre garde temps ne retrouvera l’aspect qu’il avait à sa sortie du magasin.

Au mieux, l’illusion ne durera qu’un temps car vous allez inévitablement lui refaire des rayures, forcément trop visibles sur une montre immaculée et fraîchement repolie. Et là est le cercle vicieux ; repolir pour effacer la nouvelle rayure qui réapparaîtra encore et toujours …

Au pire, vous risquez de la défigurer en la confiant à un polisseur qui n’a aucune idée de son aspect originel. Car en effet le tour de main ne suffit pas. Il n’est jamais conseillé de donner votre montre à un bijoutier. Elle reviendra, certes, flambante comme un sous neuf mais elle aura perdu toute sa valeur car son apparence aura été altérée. Vous savez, un peu comme ces visages qui sont passés sous le scalpel d’un chirurgien ; il  reste une vague ressemblance, mais l’harmonie n’y est plus, il y a maintenant quelque chose qui cloche.

Pour cette raison, si vous décidez tout de même de franchir le pas, ne confiez uniquement votre montre qu’à un professionnel qui connaît intimement sa morphologie, dans les moindres détails. Les arrêtes, les chanfreins ainsi que les alternances polis-brossées sont autant de détails qui font l’identité et le charme d’une montre. Combien de Submariner ou de Speedmaster ont perdu leur intégrité sous la main d’un polisseur mal inspiré : arrêtes vives arrondies, sens du brossage inversé, numéro de série et logos effacés … 

Théoriquement, seul le fabricant est le plus habilité à polir votre montre car lui seul connaît parfaitement chaque détail de sa finition. Cette opération de «maintenance» ne peut se faire qu’avec votre consentement explicite. A défaut, n’oubliez jamais de le préciser lors d’une révision si vous ne souhaitez pas qu’un polissage ne soit effectué sur votre garde-temps.

Un élément important à prendre en considération lors d’une acquisition : certaines montres sont plus «sensibles» aux rayures que d’autres. Demandez aux propriétaires de Royal Oaks …

Enfin beaucoup d’entre nous le confirmeront, les horlogers maladroits sont ceux qui causent le plus de dommages à nos montres : boîtier mal ouvert, une aiguille ou un cadran rayés sont souvent l’oeuvre d’un professionnel qui a «ripé» …

Beaucoup pensent qu’ils peuvent maltraiter leur montre et qu’un polissage viendra tout effacer. Le mieux serait de «vivre» sereinement avec sa montre. La peur n’épargne pas le danger, on peut être soigneux sans vivre dans paranoïa.

Le charme du Vintage vient surtout de l’historique de la montre. Une montre qui a vécu contient en elle une histoire à raconter. Une belle patine est souvent un ensemble de rayures qui ont bien vieilli. Nous nous devons de les accepter comme les petites cicatrices de la vie qui, lorsqu’elles ne nous défigurent pas, nous donnent plus de caractère. A méditer.

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